Novembre 2022 à novembre 2024 : 2 ans de développement de la coopération
MARC THIEBAUD
2 ans que l’aventure a commencé ! 2 ans de formation, d’accompagnement et d’échanges autour des clés et outils de facilitation de la coopération.
Voici quelques reflets des réalisations menées.
En Suisse romande
Environ huit mois après le lancement du coffret de la coopération en novembre 2022, une centaine de personnes avaient pris part aux journées d’introduction animées par Marc Thiébaud et Jürg Bichsel. Dans l’année qui a suivi, soixante d’entre elles ont participé à une deuxième journée d’approfondissement et plus de 30 nouvelles personnes se sont initiées aux clés et outils de la coopération.
Parmi les autres développements, on peut mentionner :
- des formations de 2 jours à la coopération pour 5 équipes œuvrant dans divers domaines,
- des rencontres en visio tous les 4 à 6 semaines pour partager les expériences et pour expérimenter diverses méthodes,
- la journée de perfectionnement co-animée avec Yann Vacher « Faciliter des démarches de coopération de manière créative et ludique, travailler en intelligence collective »,
- la fête de la coopération qui a réuni en août 2024 plus de 30 personnes à Bienne.
Depuis début 2023, 10 nouveaux outils ont été conçus. Ils ont été intégrés dans les journées d’approfondissement et de perfectionnement. Il est possible de se les procurer aussi indépendamment de la formation (voir : OUTILS). En outre, les ressources mises à disposition des personnes formées sur la partie à accès réservé du site internet se sont multipliées.
Par ailleurs, les clés et outils de coopération sont intégrés dans diverses formations à l’accompagnement (notamment à la HEP Vaud à Lausanne, à la HEP BEJUNE à Bienne et à la HETS à Genève et Fribourg).
Les personnes formées développent quant à elles de nombreuses activités avec les clés et outils de la coopération.
Par exemple, les intervenant.e.s de l’association D’ECOLE encouragent depuis deux ans la coopération dans les classes du canton de Vaud. En 2024, plus de 120 classes et 200 enseignant.e.s ont ainsi bénéficié d’ateliers de formation. Des outils ont été mis à leur disposition pour faciliter la coopération : un livret de jeux coopératifs et des cartes avec des questions pour stimuler et valoriser les capacités du vivre ensemble. Les cartes « questions » proposées sont distribuées aux élèves pour les aider à réfléchir à leur communication et à mettre des mots sur leurs ressentis, leurs observations et leur compréhension de la coopération et de ce qui la favorise.
En France
Sylvie Grataloup, Laurence Besson et Jessie Viejo Del Val dans la région Auvergne Rhône-Alpes ont formé 23 personnes sur l’année écoulée dans la découverte et à l’expérimentation des clés et outils de coopération. 17 autres personnes ont bénéficié de deux journées de formation en intra pour s’approprier les clés de la coopération et s’outiller afin d’avoir la capacité de préparer, faciliter et évaluer une session de travail en coopération.
Une nouvelle formation intitulée « Développer la Coopération dans les Systèmes s’est tenue pour sa 1ère édition sur trois jours en novembre dernier dans la Drôme, animée par Anne Chimchirian. Elle a permis à 7 professionnels en provenance d’univers variés d’acquérir une vision systémique des dynamiques de coopération, une trame stratégique d’intervention valable pour toute organisation et… le coffret de la coopération.
En Belgique
Dans le cadre de la mise en place d’une réforme du système éducatif, Yann Vacher est intervenu auprès d’une quinzaine de cadres en charge du pilotage de la cellule d’accompagnement. Lors d’une formation de deux jours, le modèle de la coopération a été présenté. Une séance de visio a ensuite été organisée pour approfondir l’apprentissage. Il est prévu de travailler pour la suite trois usages des clés de la coopération : au sein de l’équipe d’encadrement, avec les acteurs accompagnés et enfin en tant qu’objet d’enseignement dans les écoles.
Perspectives 2025
Les formations aux clés et outils de coopération se poursuivront en 2025, en Suisse comme en France (voir FORMATIONS). Des rencontres visio et des journées de perfectionnement sont prévues pour travailler divers aspects de la coopération. D’autres outils sont par ailleurs en préparation.
Travailler en coopération ne va pas de soi : ça s’apprend !
Si l’humain a bien une prédisposition à coopérer, il ignore souvent comment activer et renforcer les processus coopératifs.
L’entraide, l’autre loi de la jungle
MARC THIEBAUD
« Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences. »
Françoise Dolto
Dans leur livre « L’entraide, l’autre loi de la jungle » (Edition Les liens qui libèrent, 2017), Pablo Servigne et Gauthier Chapelle explorent la coopération comme un principe essentiel de la nature, en opposition à l’idée dominante selon laquelle seule la compétition guide l’évolution. À travers une synthèse mêlant éthologie, anthropologie, économie, psychologie et neurosciences, les auteurs montrent que l’entraide est omniprésente dans le vivant. Depuis des milliards d’années, les organismes (animaux, plantes, champignons, micro-organismes) évoluent en coopération. En se fondant sur des recherches scientifiques, ils montrent que l’entraide et la coopération sont des forces aussi fondamentales que la lutte pour la survie.
Cet ouvrage de près de 400 pages est dense. J’en donne ci-après juste quelques reflets, accompagnés de deux ou trois liens vers des vidéos.
Des oublis et des freins à la reconnaissance de l’entraide
Pour Servigne et Chapelle, l’entraide est vaste continent oublié dans notre compréhension du l’évolution du vivant. La compétition est souvent perçue comme naturelle, tandis que la coopération est considérée comme idéologique. Les auteurs soulignent que les comportements altruistes sont souvent invisibles dans nos sociétés, malgré leur présence. La reconnaissance actuelle de l’entraide est freinée par deux mythes : l’idée d’une nature intrinsèquement égoïste et compétitive, et la croyance que l’homme doit dominer cette nature. Il s’agit donc « déconstruire cette croyance hégémonique » (Alain Caillé, la préface de l’ouvrage). Dans la vie sociale, tout ne s’explique pas par le jeu des intérêts en conflit, qu’ils soient conscients ou inconscients.
L’entraide, un moteur d’évolution
Bien que les écrits de Darwin aient parfois été interprétés comme valorisant la compétition, d’autres approches, comme celle de Pierre Kropotkine, ont mis en avant l’importance de la coopération. Depuis les années 2000, des avancées en génétique moléculaire et dans d’autres disciplines scientifiques montrent clairement l’ancienneté et l’importance des symbioses et des interactions mutualistes.
Les recherches récentes montrent que l’humanité est profondément interconnectée avec la toile du vivant. L’entraide humaine a été essentielle dans l’histoire, structurée par des normes sociales et des pratiques comme le don et la réciprocité (voir les travaux d’Alain Caillé et Marcel Mauss). Le principe selon lequel les groupes les plus coopératifs sont ceux qui survivent le mieux est confirmé par les recherches actuelles.
Dans les groupes humains, trois éléments aident la cohésion sociale des groupes : le sentiment de sécurité éprouvé par tous les membres du groupe et qui dépend entre autres des règles que fixent le groupe, de sa raison d’être, de son identité) ; le sentiment d’égalité et d’équité qui permet d’éviter les effets néfastes des sentiments d’injustice et le sentiment de confiance qui nait des deux précédents et qui permet à chaque individu de donner le meilleur de lui-même pour le bien du groupe. Les individus peuvent alors ressentir un attachement profond à l’intérêt collectif.
Quelles perspectives ?
Il y a en réalité un équilibre dynamique complexe, à de multiples niveaux, entre compétition et coopération. « Ni les comportements antisociaux ni les comportements prosociaux ne disparaîtront totalement de la surface de la terre » (Servigne). Il est vain de rêver à un monde purement altruiste. Il y a une question de dosage. Suivant la situation, l’entraide, ou la compétition, pourra prendre le dessus. Les observations montrent que plus l’environnement est hostile plus la solidarité va jouer. En revanche, plus il y a d’abondance et plus la compétition va prendre le dessus. À travers de nombreux exemples, Servigne et Chapelle démontrent que la coopération est un facteur clé de la survie et du bien-être social. Quand on pense à des catastrophes comme le passage de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005, on a parfois en tête des scènes de panique générale, de vol, de fuites égoïstes et lâches. Or, c’est plus souvent l’entraide qui est au rendez-vous : en temps de catastrophe, les gens conservent leur sang-froid et coopèrent spontanément. La tendance à l’entraide spontanée est un trait commun à toutes les sociétés.
« La compétition et la coopération sont les deux jambes du vivant, mais aujourd’hui nous avons une jambe hypertrophiée. L’idée est de réapprendre à marcher, de retrouver l’usage de notre jambe atrophiée fondée sur l’entraide. » Les crises actuelles révèlent l’urgence de valoriser ces principes d’entraide pour construire un avenir durable. Pour les auteurs, il ne s’agit pas de dire, au nom de la morale, que tout le monde doit être altruiste. Mais plutôt de comprendre que l’entraide est un principe scientifiquement fondé : dans l’histoire de l’évolution des espèces et de la permanence de la vie sur Terre, son efficience a été clairement prouvée.
Cependant, la taille de nos sociétés et la nature des modes d’organisation actuels ne permettent pas de compter sur le bon fond des plus altruistes. Un apprentissage est nécessaire. « Si nous voulons créer une véritable culture de l’entraide, il peut être intéressant de rendre ces processus intelligibles et cohérents. ». Il s’agit aussi de mettre en place des mécanismes institutionnels pour stabiliser et renforcer cette propension naturelle à l’altruisme, relayer les actes d’entraide spontanés et gérer les conséquences d’une catastrophe à long terme.
La nature humaine n’est pas foncièrement égoïste, il importe de le relever face au pessimisme ambiant. L’avenir ne peut pas être vu pour autant avec un pur optimisme. Pour les auteurs, l’objectif est de rééquilibrer notre vision du monde, qui exacerbe aujourd’hui l’égoïsme et l’individualisme et, pour éviter le chaos social, anticiper, avoir une culture de la coopération. « Le problème principal, ce ne sera pas les pénuries objectives mais notre manière de les gérer, nous qui sommes encore profondément marqués par une culture de l’égoïsme (culture qui ne pose guère de problèmes en situation d’abondance). L’âge de l’entraide doit commencer dès maintenant pour réduire au maximum l’effet de sevrage de la culture de l’égoïsme, c’est l’une de seules marges de manœuvre que nous ayons. »
Quelques liens
Trois questions à Pablo Servigne sur l’entraide. Video (3 minutes) : https://youtu.be/3U5-7AP3Rmw
Symbiodiversité : ceux qui survivent sont ceux qui coopèrent le plus – Pablo Servigne. Video (3 minutes 30). https://youtu.be/lmyXoVvoxcw
L’entraide en temps de crise, une nécessité ! avec Pablo Servigne. Viéo (115 minutes) : https://youtu.be/ZIvkGnIZXeg
Sylvain Connac (2018). « Servigne, P., Chapelle, G. (2017). L’entraide – L’autre loi de la jungle. Paris : Les liens qui libèrent. », Éducation et socialisation, 48. http://journals.openedition.org/edso/2930
Fête de la coopération – 13 août 2024
MARC THIEBAUD
Le 13 août 2024, plus de 30 personnes se sont retrouvées pour une journée festive d’expérimentation de la coopération.
Organisation et animation générale : Marc Thiébaud et Jürg Bichsel
Lieu : Salle de la Société Nautique Etoile Bienne à Bienne
Déroulement de la journée
Activités d’inclusion et d’énergisation
Les mini balles (tous)
Les cartes pour faire connaissance (Créacoop – I) (tous ; en deux à deux)
Mini jeu 5 : Nœud (tous)
Mini jeu 6 : Machine (tous)
Découverte et expérimentation de nouveaux outils
Le parachute (tous)
Exemples d’utilisation (sites internet) :
Fiches
Dossier
Séquences d’utilisation
Idées d’activités
Le carré d’aveugles – 4 sous-groupes (avec observateurs)
Team Balance (4 à 8 personnes)
Le tuyau (4 à 6 personnes)
Dispositif pour réaliser un dessin ou tracer un mot (4 à 6 personnes)
Patchcoop (3 à 5 personnes)
Outil Patchcoop
Créacoop – VII : Trouver ce qui correspond (4 à 6 personnes)
Outil Créacoop
Jeu de l’œuf (en sous-groupes de 4)
Seul matériel à disposition pour chaque groupe : 1 oeuf cru, 1 feuille de papier A4, 1 mètre de ruban adhésif de peintre (de préférence largeur 3 centimètres), 2 cure-dents
Ateliers
Théâtre fun
Graines de rêves
Le pingouin
Cartes « Valeurs »
Story cubs et DixIt
Activité coopérative en commun
Le parachute
Conclusion – déclusion
Partages de feed-back
Quelques images de la journée
Coopérer à l’école
MARC THIEBAUD et JULIEN RUSS
« Réussir est devenu l’obsession générale dans notre société, et cette réussite est mesurée par notre capacité à l’emporter dans des compétitions permanentes. Il est pourtant clair que la principale performance de chacun est sa capacité à participer à l’intelligence collective, à mettre en sourdine son « je » et à s’insérer dans le « nous », celui-ci étant plus riche que la somme des « je » dans laquelle l’attitude compétitive enferme chacun ; le drame de l’école est d’être contaminée par une attitude de lutte permanente, qui est à l’opposé de sa finalité. »
Albert Jacquard
Des défis multiples
Un des lieux où la coopération est de mise, c’est dans nos écoles. Les élèves ont besoin de développer des dynamiques coopératives dans les classes pendant les cours, comme dans le préau durant les récréations ou sur le chemin de l’école et sur les réseaux sociaux. La coopération n’est pas une branche inscrite au programme au même titre que les maths, le français ou l’histoire, mais elle fait partie des compétences transversales reconnues dans les plans d’étude, à apprendre tout au long du cursus scolaire. On constate que la coopération nécessite une véritable formation qui permette aux élèves d’en acquérir les principes de base et de s’y entrainer.
Face à cet enjeu, les personnes entourant les élèves à l’école ont un rôle exigeant, mais important à jouer, à deux titres au moins : pour contribuer à l’apprentissage de la coopération et pour favoriser le vivre ensemble. Les enseignant.e.s peuvent concevoir leur enseignement avec des pratiques coopératives en petits groupes et donner des outils pour apprendre à mener un travail en équipe. Ils et elles peuvent prendre soin du climat de classe, valoriser au quotidien la coopération et proposer des activités spécifiques à cet effet. Les médiateurs quant à eux peuvent accompagner la résolution de tensions relationnelles entre des camarades d’une même classe. Un.e psychologue scolaire peut accueillir un élève qui a besoin de soutien pour s’impliquer dans la dynamique du groupe. Un éducateur en milieu scolaire peut proposer des activités qui suscitent de la cohésion autour d’un projet commun pour la classe.
Au niveau des adultes, le développement de la coopération est tout aussi important. La cohérence dans l’établissement scolaire est à l’évidence nécessaire, dans ce domaine comme dans d’autres. Les enseignant.e.s, les équipes pédagogiques, les intervenant.e.s spécialisé.e.s peuvent acquérir les ressources pour des collaborations efficaces. La direction d’école peut étoffer sa capacité de travail en équipe et valoriser dans l’école les dynamiques collectives, dans une perspective d’interdépendance qui dépasse des représentations individualistes de l’enseignement qui appartiennent au passé.
Coopérer, ça s’apprend ! Est-ce que l’école peut intégrer cet apprentissage, à l’heure actuelle où elle fait face à tant de problèmes, alors que cela serait tellement nécessaire ? L’idéal serait que la coopération ne soit pas seulement un des défis à relever pour que l’école fonctionne, mais aussi une occasion de transmettre à la jeune génération des compétences et des outils qui les équipent pour leur avenir… et ouvrent des perspectives de solutions nouvelles dont le monde a tant besoin.
Des études, des ressources, des références
De nombreux écrits sont disponibles pour éclairer les pratiques qui peuvent être développées à l’école. Ils concernent les activités à but spécifique d’apprentissage de la coopération par les élèves comme les moyens de contribuer de manière plus générale à l’entraide et à des dynamiques relationnelles positives à l’école.
Pour quelques liens, voir : https://www.cooperer.org/ressources/#ecole
Certains auteurs ont par ailleurs défini les particularités de la coopération dans les apprentissages, en faisant la distinction par rapport à une tâche purement productive.
Voir à ce sujet : collaborer ou coopérer pour développer des apprentissages ?
En Suisse romande
Chaque canton met à disposition des professionnel.le.s des écoles de nombreuses ressources pour le développement des compétences sociales, de la coopération et du vivre ensemble à l’école (voir : https://www.climatscolaire.ch/adresses).
Une brochure « mieux vivre ensemble à l’école » présente des démarches, des réflexions et des exemples d’activités pratiques regroupées en 16 chapitres (voir https://www.climatscolaire.ch).
Les intervenant.e.s de l’association D’ECOLE (https://decole.ch) proposent des interventions auprès des élèves et des professionnel.le.s de l’école pour construire une dynamique relationnelle positive dans les classe. Ils et elles conduisent des animations dans les classes avec des jeux et défis qui invitent à la coopération, puis suscitent des échanges qui mettent en valeur ce qui vient d’être vécu. Ils et elles transmettent également des outils pratiques aux enseignant.e.s pour soutenir leurs efforts de développement d’une cohésion et d’une entraide dans les classes.
L’association D’ECOLE a conçu de nombreuses activités pour ses interventions et elle utilise entre autres le modèle du tétraèdre de la coopération et les questions proposées pour aider à prendre du recul sur la coopération.
Pour développer des apprentissages : collaborer ou coopérer ?
MARC THIEBAUD
« Quelle est la différence pour toi entre collaborer et coopérer ? » Lorsque je pose la question à des collègues ou des amis, les réponses peuvent être assez diverses, avec une tendance à considérer que la collaboration est une activité un peu moins exigeante et que le terme est réservé au monde du travail. En consultant des écrits sur le sujet, je constate qu’aucun consensus ne se dégage précisément concernant les termes collaboration et coopération. Certains auteurs les différencient clairement et proposent deux niveaux, considérant par exemple que dans la collaboration, toutes les activités sont réalisées en commun et pas nécessairement la coopération. Ou certains distinguent la coopération par le fait qu’elle est réalisée de manière autonome et dans le plaisir de faire ensemble. Alors que pour d’autres auteurs, c’est l’inverse !
Yann vacher dans un récent billet évoque l’idée que dans la collaboration, « c’est le projet commun qui donne la dimension « co » de la collaboration mais pas l’opération de travail conjoint ». Ainsi les personnes peuvent se répartir le travail en fonction des compétences ou centres d’intérêt. Alors que dans la coopération, l’ensemble des acteurs est mobilisé pour concevoir, réguler et finaliser l’œuvre. Eloi Laurent, dans son ouvrage L’impasse collaborative (2018), considère que collaboration et coopération ne sont pas synonymes, notamment parce que « la collaboration est à durée déterminée tandis que la coopération n’a pas d’horizon fini et que la collaboration est une association à objet déterminé, tandis que la coopération est un processus libre de découverte mutuelle. » En ce qui concerne la collaboration / coopération dans les apprentissages, il voit la coopération comme « une quête, vectrice d’apprentissages, de créations », et la collaboration comme limitée à l’accomplissement en commun d’une tâche nécessaire et représenterait un choix utilitariste » (Eloi Laurent, 2018) .
Sylvain Connac et Laurent Reynaud estiment également qu’il est important de faire une distinction similaire. Dans une émission de France Culture du 7 novembre 2022 (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/etre-et-savoir/collaborer-et-cooperer-a-l-ecole-pourquoi-faire-8412912), ils mettent en évidence comment une activité collective réalisée par des élèves peut être contre-productive pour les apprentissages : dans certaines tâches en sous-groupes dans la classe, les élèves s’organisent pour réussir le plus rapidement possible la tâche (dans un esprit de faire gagner leur équipe) par exemple en la déléguant à l’élève le plus fort, plutôt que de développer un apprentissage en coopération (et donc des compétences de coopération). « Le souci en pédagogie, c’est quand on confond collaboration et coopération. Collaborer c’est travailler ensemble, pour être efficace, on va se répartir le travail en fonction des talents des uns et des autres, la collaboration est donc tournée vers une réalisation commune. Coopérer c’est agir ensemble, il n’y a pas de finalisation d’une production, les désaccords poussent à étayer davantage ses propres idées, c’est intéressant quand on est en difficulté, car cela suppose un soutien mutuel » (Sylvain Connac).
Cette perspective permet de différencier les termes en fonction des buts. Ainsi, dans l’éducation, la coopération vise le développement des apprentissages de chaque élève (individu) via des actions collectives. Celles-ci peuvent prendre différentes formes de pratiques complémentaires : travail en groupe, jeux coopératifs, entraide, tutorat, conseils coopératifs, etc. Il peut s’agir de développer in fine des « classes coopératives ». Sylvain Connac ou Christian Staquet entre autres relèvent que la conduite de telles classes nécessite un travail à plusieurs niveaux : climat scolaire, mise en œuvre de projets en cohérence au niveau de l’établissement, développement de compétences sociales chez les élèves, séquences de travail et consignes de tâches construites sur des interdépendances, constitution et organisation des sous-groupes d’élèves, dispositifs d’entraide, etc. (voir https://www.cooperer.org/ressources/#ecole pour les références vers des écrits de ces auteurs).
Qu’entend-on par collaborer et coopérer ? Quels usages fait-on de ces termes ?
YANN VACHER
Lors d’un récent échange, un collègue évoquait la demande de collaboration qu’il venait de recevoir en tant que chef de service de la part d’un autre service plus « important ». Il me témoignait de sa crainte qu’il y ait derrière cette demande un processus de fusion / absorption « caché » de son propre service. Sachant que je travaillais sur la coopération, il m’interrogea sur le sens du terme « collaboration ». Je présente ici les éléments que j’ai brièvement partagés oralement avec lui.
Collaborer <-> coopérer
Entre le travail en commun (co labeur) et l’opération en commun (co opération), les différences pourraient paraître peu significatives. Pourtant, les usages de ces mots ont laissé des marques. Dans beaucoup de grandes entreprises, le mot « collaborateur » est apparu il y a une vingtaine d’années pour désigner les acteurs « N-1 » avec qui l’utilisateur du terme travaillait. Dans ce cas, la collaboration comporte une dissymétrie et une dimension hiérarchique : être collaborateur c’est alors « être au service » d’un niveau supérieur. La crainte de mon collègue était liée d’ailleurs au risque de l’instauration d’une verticalité par la demande reçue.
Une deuxième acception du terme de collaboration réside dans la distribution de tâches distinctes à plusieurs acteurs au cœur d’un même projet. C’est dans ce cas le projet commun et unique qui donne la dimension « co » de la collaboration mais pas l’opération de travail conjoint. La répartition du travail, en fonction des compétences ou centres d’intérêt, aboutit à la juxtaposition d’activités qui nécessitent ensuite une coordination pour aboutir à la réalisation du produit final. Si cette tâche est confiée à une personne, à un groupe, à un service ou à un supérieur hiérarchique (N+1)), le processus demeure de la collaboration au sens réduit, le projet / produit qui incarne le « co » le travail (labeur) restant « séparé ».
Si au contraire l’ensemble des acteurs est mobilisé pour concevoir, réguler et finaliser le produit / l’œuvre, on peut alors parler de coopération. Dans cette configuration, toute dissymétrie ou syncrétisme (juxtaposition puis assemblage) disparaît au profit de l’opération en commun. Le collectif est porteur, garant et animateur de la dynamique de production. La coresponsabilité s’édifie autour du sens élaboré et validé collectivement. A noter que ce processus de coopération ne nécessite pas une phase préalable d’activités séparées : un collectif peut très bien se constituer et entamer directement un processus de coopération.
Suite à notre partage, mon collègue en a conclu que dans sa situation, c’est plutôt à une intention négociée de coopération qu’il souhaitait répondre et non à une demande de collaboration telle que décrite dans les deux acceptions.
De multiples angles de vue possibles
Je précise que les définitions que j’ai proposées n’ont pas de statut scientifique, elles cherchent à distinguer pour éclairer les possibles. L’angle de vue qui les sous tend est celui de l’approche organisationnelle et institutionnelle et non celle des processus qui sont au cœur des formes de travail. Une analyse de l’activité rejoindrait probablement l’analyse étymologique pour constater que la différence entre « travail / labeur » (au sens de l’activité et de la tâche réalisée) et « opération » n’est pas significative et que « collaboration » et « coopération » ne se distinguent pas fondamentalement en termes de processus. C’est en partie l’option choisie par Marc Thiébaud et Jürg Bichsel dans leur fascicule « 10 clés pour coopérer ». Ils considèrent que beaucoup de paramètres entrent en jeu et qu’il devient illusoire de définir ainsi deux catégories. Ils retiennent l’aspect de l’intensité de la coopération / collaboration pour faire une distinction par rapport au terme de coordination.
Pour terminer cette brève réflexion, j’ajouterai trois points (qui n’ont pas fait partie de l’échange avec mon collègue) :
La « définition » sommaire du terme « coopération » que j’ai proposée est (en France au moins) potentiellement à l’opposé de celle que l’on retrouve dans une partie de la coopération internationale qui a longtemps été marquée par les logiques colonialistes, avec la dissymétrie qu’elles comportaient.
Il serait aussi possible de différencier les termes à partir d’une analyse socioprofessionnelle comme le fait la psychologie du travail. Le terme « opération » pourrait être relié à une dimension opératoire / processuelle/technique alors que le terme « travail / labeur » renverrait pour sa part à une construction sociohistorique, inscrite dans des champs de tensions politiques, économiques et institutionnels.
Les deux termes ont des valences étymologiques, épistémologiques diverses, des usages culturels ou stratégiques variés. L’utilisation de l’un ou l’autre importe peut-être moins que la nécessité qu’ils soient (re)définis dans un échange entre les interlocuteurs et tout au long du processus initié.
La coopération, un véritable enjeu dans les églises et structures religieuses
MARIE CARAYOL
Le besoin de développement de la coopération et des compétences sociales est présent partout.
Un constat alarmant
D’après les statistiques fournies par le Fuller Institute, George Barna et Pastoral Care Inc. en 2008 :
- 80% des diplômés du séminaire et des écoles bibliques qui entrent dans le ministère quitteront le ministère dans les cinq premières années.
- 85% des pasteurs ont déclaré que leur plus gros problème était qu’ils en avaient assez de traiter avec des personnes à problèmes, comme les anciens mécontents, les diacres, les responsables de culte, les équipes de culte, les membres du conseil d’administration, les comités nationaux et les pasteurs associés.
- 90% ont dit que la chose la plus difficile dans le ministère était de traiter avec des gens peu coopératifs.
L’enquête menée par Lucie Bardiau-Huys dans le cadre de sa thèse : « Quitter ou non le ministère pastoral ? Une analyse des motifs et du processus décisionnel » (https://theses.hal.science/tel-00786109) nous éclaire sur plusieurs points.
Elle nous parle notamment de l’ascenseur émotionnel auquel sont soumis les pasteurs et de son impact sur leur état psychique dû entre autres aux attentes jugées « exacerbées » des paroissiens et aux difficultés relationnelles et organisationnelles continues. Combien de responsables d’Église confient être déjà passés plusieurs fois près de tout lâcher à cause de ces facteurs humains complexes et des attentes énormes qui peuvent être les leurs parfois, parce que les paradoxes et injonctions contradictoires sont si forts, parce que parfois le résultat est carrément contre-productif, parce que le « à quoi bon » vient régulièrement gratter à la porte. Parce que l’inconfortable et l’insatisfaction épuisent, parce que la remise en question essouffle, ou encore parce que le déni dévitalise petit à petit…
En ce sens, l’acquisition de nouvelles compétences sociales et d’une posture de facilitateur est une condition pour que le pasteur et les responsables d’Église puissent fonctionner sereinement et sur la durée en s’engageant sur le chemin du changement de paradigmes.
Un ouvrage sur la coopération, issu d’une recherche-action interdisciplinaire
Depuis 2017, forte d’une expérience de 15 années de travail social et de mise en œuvre d’un pouvoir d’agir dans un quartier prioritaire de Strasbourg, j’ai mis mon expérience et mes apprentissages au service d’associations, de collectivités, d’institutions ou de particuliers, confrontés à des changements en interne ou dans l’environnement, à des tensions relationnelles, aux questionnements et pressions liés à des fonctions et places exigeantes, ou encore à des difficultés récurrentes.
Fréquentant divers milieux chrétiens depuis mon enfance, j’ai souhaité en 2020 rassembler des responsables de divers courants protestants et évangéliques pour cheminer ensemble sous un format de recherche action. Nous avons échangé autour des enjeux, joies et défis de la coopération dans ce milieu spécifique. Cela a permis de produire un ouvrage réflexif et pratique (voir : https://altherite.com/ouvrage-collaboratif-presentation). Il est assorti de beaucoup de témoignages de terrain, de ressources stimulantes issues de la sociologie des organisations, de l’élément humain, de la thérapie sociale, de la systémie. Au-delà de ces grilles de lecture, on y trouve de nombreux outils sous forme de questionnements et exercices. Le livre est aussi magnifiquement illustré mélangeant savamment l’artistique et la pédagogie.
On y parle de changement, de posture adéquate et de gouvernance partagée. L’ouvrage montre que coopérer est nécessaire et possible ; cela requiert une intentionnalité et une responsabilité fortes, une conscience de soi aiguisée ainsi qu’une ouverture à l’autre dans l’attente de rencontrer sa richesse. Le livre présente également différentes démarches et méthodes au service de la coopération. En ce sens, il rejoint la mission première de l’Église. Il se construit sur un cheminement spécifique allant de la prise de conscience individuelle à la transformation collective.
De nombreuses églises l’utilisent régulièrement et j’ai la joie de les accompagner sur des enjeux spécifiques liés à la coopération. Celle-ci est nécessaire non seulement pour performer mais surtout pour grandir et se transformer. C’est par des personnes conscientes d’elles-mêmes, de leurs paroles et de leurs actions individuelles et collectives que l’on arrivera à changer le monde.
Formations à la coopération en France
MARC THIEBAUD, SYLVIE GRATALOUP et LAURENCE BESSON
Depuis un an, de nombreuses personnes sont venues en Suisse depuis la France se former avec le coffret de la coopération.
Dès à présent, les formations pourront être assurées en France grâce à Sylvie Grataloup et Laurence Besson.
Une perspective très réjouissante !
Vu l’intérêt grandissant pour les clés et outils de la coopération que nous avons développés, nous nous réjouissons de pouvoir bénéficier pour le futur des compétences d’animatrices qui sont en mesure de prendre le relais.
Cette perspective se concrétise dès la fin 2023 avec Sylvie et Laurence qui œuvrent comme facilitatrices en intelligence collective depuis de nombreuses années dans la région de Grenoble, Chambéry et Lyon.
Suite à leurs nombreuses formations (en coaching, facilitation de l’intelligence collective, etc.), elles se sont formées à la coopération avec nous depuis l’été 2022 . Elles font partie du collectif d’animatrices et animateurs que nous accompagnons dans cette aventure de partage des clés et outils de la coopération.
J’ai le plaisir de travailler en continu avec Sylvie et Laurence. Outre leurs qualités humaines exceptionnelles, elles apportent des enrichissements précieux aux développements en cours dans la coopération.
Laurence Besson et Sylvie Grataloup, animatrices :
« Nous avons créé en 2021 un collectif de coachs et facilitatrices en intelligence collective, Cap Vers l’Inclusion, qui a pour objectif de promouvoir l’Inclusion et la Diversité.
Nous abordons cet objectif sous deux angles :
Celui de la lutte contre les discriminations – qui nous conduit à proposer aux organisations des outils de sensibilisation et formation : atelier sur les stéréotypes, fresque de la Diversité, manager les singularités,…
Et celui de la coopération qui, pour nous, amène à accueillir les spécificités de chacun/chacune.
C’est dans ce cadre, que nous lançons, emplies d’enthousiasme, le déploiement en France, de la formation aux clés et outils du coffret de la coopération.
Profonde gratitude à Marc et Jürg pour leur confiance. »
Pour davantage d’informations
Voir les pages :
Trois livres qui m’ont inspiré dans le développement de la coopération
MARC THIEBAUD
La coopération est plus que jamais nécessaire. Elle est au cœur de la vie et elle est essentielle pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés dans un monde marqué par la concurrence et l’individualisme.
La coopération ne va pas de soi. Elle s’apprend.
Les livres qui en parlent et qui proposent des ressources pour la développer ne sont cependant pas si nombreux.
J’aimerais en évoquer ici trois. Chacun d’eux propose des éléments concrets, utilisables dans toutes sortes de situations. Je les ai lus il y a quelques années déjà et je n’ai jamais oublié leurs apports. Ils m’ont inspiré dans ma pratique de facilitation de la coopération et ils ont souvent aidé les personnes et les équipes que j’ai accompagnées.
1. Les six chapeaux de la réflexion par Edward de Bono (Eyrolles, 2005)
2. Comment réussir une négociation de Roger Fisher et William Ury (avec Bruce Patton ; Seuil, 2006)
3. Du débat au dialogue par Deborah Flick
Développements actuels et à venir
MARC THIEBAUD
A ce jour, environ huit mois après le lancement du coffret de la coopération, une centaine de personnes ont pris part aux journées d’introduction. Des professionnel.le.s de l’animation, de l’accompagnement, de la formation et des responsables d’équipe et d’institution pour l’essentiel.
Cela nous réjouit énormément !
Des développements multiples
Le second semestre de l’année 2023 sera intense, avec :
- l’animation des deuxièmes journées de formation expérientielle (pour au moins 50 personnes)
- les activités avec toutes les personnes engagées dans des échanges
- l’accompagnement en lien avec différents projets concrets qui bourgeonnent
- le développement de nombreux nouveaux outils
Par ailleurs, nous continuons à réunir et concevoir, avec l’aide de plusieurs personnes, des jeux de coopération simples à réaliser et à animer pour divers âges et milieux (entreprise, école, famille, etc.).
Nous visons aussi à proposer des activités pour aider les enseignant.e.s dans le développement du travail coopératif en classe et à les outiller pour cela.
Les développements s’inscrivent dans des coopérations qui se construisent et se renouvellent sans cesse. Une magnifique dynamique !
Des personnes ressources pour les futures formations
Nous nous réjouissons aussi que d’autres personnes puissent à l’avenir prendre le relais et animer des formations en mobilisant les clés et les outils de la coopération.
Cela se concrétisera en France dès la fin 2023 et en Suisse dans le courant de l’année 2024.
Création du coffret de la coopération
MARC THIEBAUD
L’idée de rassembler et partager ce que nous avons appris dans le domaine de la coopération a germé il y a une dizaine d’années.
Cette idée a pris tout d’abord la forme d’un livre. Puis elle évolué vers l’élaboration d’un coffret de la coopération et d’un ensemble d’activités « vivantes ».
Comment s’est faite cette évolution ?
En 2014 : un projet de livre
Intervenant très souvent en coanimation depuis le début des années 2000, nous avons eu de multiples occasions d’expérimenter, de réguler, d’affiner nos réflexions. Nous avons aussi beaucoup appris des multiples retours des personnes avec lesquelles nous avons collaboré.
Notre souhait devenu de plus en plus clair en 2014 consistait à transmettre ce que nous avons développé comme repères et outils pour faciliter la coopération ainsi que la prise de recul qui manque souvent aux groupes et équipes que nous avons accompagnés.
En 2014, nous avons formulé ainsi notre défi : « Communiquer par l’écrit sur les processus de coopération sans réduire la complexité des phénomènes en jeu représente un défi d’une autre nature que celui rencontré en animation. Comment nos apports, travaillés habituellement dans l’interaction avec les personnes qui nous ont sollicités, peuvent-ils faire sens pour un lecteur. Comment celui-ci pourra-t-il utiliser les repères, les modèles, les outils que nous proposons, dans les réalités qu’il rencontre ? Comment parviendra-t-il à se les approprier, les adapter, les partager avec ses collègues ? L’expérience de cet ouvrage permettra peut-être de répondre à ces questions. »
Nous voulions multiplier les formes de communication possibles dans le cadre de l’écrit en proposant des concepts, des explications, des citations, des images, des outils, des exemples, des checklist, des références, des questions réflexives, etc.
À l’époque, nous n’étions pas certain qu’un livre serait le bon moyen d’atteindre nos buts.
Mais nous nous y sommes mis courageusement en suivant le plan suivant : 1.Notions clés 2.Les dimensions clés de la coopération 3. Des aspects transversaux 4. Complexité des processus de coopération et de leur facilitation 5. Différentes démarches, méthodes et outils
Avec des allers – retours continus entre expérience pratique et travail de modélisation, nous avons peu à peu éclairci notre propos et rédigé les deux premiers chapitres. Le 1er juillet 2015, nous avons présenté à la Biennale de l’éducation au CNAM à Paris une communication, avec un texte d’une quinzaine de pages qui résume notre modèle de la coopération (voir : https://www.cooperer.org/wp-content/uploads/faciliter-cooperation-thiebaud-bichsel.pdf)
Parallèlement, nous avons été de plus en plus impliqués dans des formations durant lesquelles nous avons pu constater à la fois l’intérêt de ce que nous pouvions transmettre et la difficulté de l’entreprise. Nous avons aussi pris plus clairement conscience de l’importance de l’importance de l’expérience dans ces apprentissages.
En 2022 : des ressources pour un apprentissage expérientiel
Ceci nous a conduit progressivement à imaginer d’autres formes qu’un ouvrage écrit. Ainsi, dans les années qui ont suivi, nous avons opté pour, d’une part écrire un fascicule de 32 pages qui présente l’essentiel des clés de la coopération et d’autre part, élaborer des démarches et des outils qui permettent à chacun.e de s’approprier progressivement les repères proposés, par l’expérimentation et des formations de courte durée.
Nous avons ainsi cherché à mettre sous d’autres formes qu’un livre tout ce que nous avons appris et développé durant plus de 15 ans.
En 2020, l’épidémie Covid a porté un coup d’arrêt temporaire à notre projet de transmettre nos acquis… mais nous a permis simultanément de faire mûrir plusieurs idées. Cela a produit en 2022 un coffret de la coopération assorti de ressources dans un espace réservé sur Internet. Le contenu de ce coffret s’est enrichi progressivement. A mesure que nous y travaillions, de nouvelles idées ont pris forme et nous avons ouvert des possibilités non imaginées initialement (création de jeux coopératifs, développement de multiples collaborations, forum à distance, etc.). Nous avons appris le graphisme afin de pouvoir gagner en souplesse dans notre production. Nous avons exploré les moyens offerts par Internet pour mettre à disposition des ressources au fur et à mesure des besoins.
Brièvement dit, le livre conçu au départ s’est transformé en quelque chose de vivant, dynamique, interactif, évolutif. Quelque chose qui a progressivement émergé, en intelligence collective, entre nous et avec toutes les personnes que nous avons accompagnées et avec qui nous avons eu la chance de collaborer.
La réponse à notre question « Comment nos apports peuvent-ils faire sens sous forme écrite pour un lecteur » est devenue de plus en plus claire. Ils ne font sens que dans un processus d’apprentissage expérientiel… les clés, les activités, les outils que nous proposons peuvent simplement catalyser et amplifier ce processus… et le fascicule de 32 pages (un résumé en somme de l’ouvrage prévu) n’en représente qu’une partie (des repères conceptuels) qu’il importe d’inscrire dans le cycle d’apprentissage.