MARC THIEBAUD
L’idée de rassembler et partager ce que nous avons appris dans le domaine de la coopération a germé il y a une dizaine d’années.
Cette idée a pris tout d’abord la forme d’un livre. Puis elle évolué vers l’élaboration d’un coffret de la coopération et d’un ensemble d’activités « vivantes ».
Comment s’est faite cette évolution ?
En 2014 : un projet de livre
Intervenant très souvent en coanimation depuis le début des années 2000, nous avons eu de multiples occasions d’expérimenter, de réguler, d’affiner nos réflexions. Nous avons aussi beaucoup appris des multiples retours des personnes avec lesquelles nous avons collaboré.
Notre souhait devenu de plus en plus clair en 2014 consistait à transmettre ce que nous avons développé comme repères et outils pour faciliter la coopération ainsi que la prise de recul qui manque souvent aux groupes et équipes que nous avons accompagnés.
En 2014, nous avons formulé ainsi notre défi : « Communiquer par l’écrit sur les processus de coopération sans réduire la complexité des phénomènes en jeu représente un défi d’une autre nature que celui rencontré en animation. Comment nos apports, travaillés habituellement dans l’interaction avec les personnes qui nous ont sollicités, peuvent-ils faire sens pour un lecteur. Comment celui-ci pourra-t-il utiliser les repères, les modèles, les outils que nous proposons, dans les réalités qu’il rencontre ? Comment parviendra-t-il à se les approprier, les adapter, les partager avec ses collègues ? L’expérience de cet ouvrage permettra peut-être de répondre à ces questions. »
Nous voulions multiplier les formes de communication possibles dans le cadre de l’écrit en proposant des concepts, des explications, des citations, des images, des outils, des exemples, des checklist, des références, des questions réflexives, etc.
À l’époque, nous n’étions pas certain qu’un livre serait le bon moyen d’atteindre nos buts.
Mais nous nous y sommes mis courageusement en suivant le plan suivant : 1.Notions clés 2.Les dimensions clés de la coopération 3. Des aspects transversaux 4. Complexité des processus de coopération et de leur facilitation 5. Différentes démarches, méthodes et outils
Avec des allers – retours continus entre expérience pratique et travail de modélisation, nous avons peu à peu éclairci notre propos et rédigé les deux premiers chapitres. Le 1er juillet 2015, nous avons présenté à la Biennale de l’éducation au CNAM à Paris une communication, avec un texte d’une quinzaine de pages qui résume notre modèle de la coopération (voir : https://www.cooperer.org/wp-content/uploads/faciliter-cooperation-thiebaud-bichsel.pdf)
Parallèlement, nous avons été de plus en plus impliqués dans des formations durant lesquelles nous avons pu constater à la fois l’intérêt de ce que nous pouvions transmettre et la difficulté de l’entreprise. Nous avons aussi pris plus clairement conscience de l’importance de l’importance de l’expérience dans ces apprentissages.
En 2022 : des ressources pour un apprentissage expérientiel
Ceci nous a conduit progressivement à imaginer d’autres formes qu’un ouvrage écrit. Ainsi, dans les années qui ont suivi, nous avons opté pour, d’une part écrire un fascicule de 32 pages qui présente l’essentiel des clés de la coopération et d’autre part, élaborer des démarches et des outils qui permettent à chacun.e de s’approprier progressivement les repères proposés, par l’expérimentation et des formations de courte durée.
Nous avons ainsi cherché à mettre sous d’autres formes qu’un livre tout ce que nous avons appris et développé durant plus de 15 ans.
En 2020, l’épidémie Covid a porté un coup d’arrêt temporaire à notre projet de transmettre nos acquis… mais nous a permis simultanément de faire mûrir plusieurs idées. Cela a produit en 2022 un coffret de la coopération assorti de ressources dans un espace réservé sur Internet. Le contenu de ce coffret s’est enrichi progressivement. A mesure que nous y travaillions, de nouvelles idées ont pris forme et nous avons ouvert des possibilités non imaginées initialement (création de jeux coopératifs, développement de multiples collaborations, forum à distance, etc.). Nous avons appris le graphisme afin de pouvoir gagner en souplesse dans notre production. Nous avons exploré les moyens offerts par Internet pour mettre à disposition des ressources au fur et à mesure des besoins.
Brièvement dit, le livre conçu au départ s’est transformé en quelque chose de vivant, dynamique, interactif, évolutif. Quelque chose qui a progressivement émergé, en intelligence collective, entre nous et avec toutes les personnes que nous avons accompagnées et avec qui nous avons eu la chance de collaborer.
La réponse à notre question « Comment nos apports peuvent-ils faire sens sous forme écrite pour un lecteur » est devenue de plus en plus claire. Ils ne font sens que dans un processus d’apprentissage expérientiel… les clés, les activités, les outils que nous proposons peuvent simplement catalyser et amplifier ce processus… et le fascicule de 32 pages (un résumé en somme de l’ouvrage prévu) n’en représente qu’une partie (des repères conceptuels) qu’il importe d’inscrire dans le cycle d’apprentissage.